à Ferney 17e avril 1767
Je suis dans la nouvelle Scithie, mon cher Monsieur, et j'ai perdu toute idée de l'ancienne.
Je ne puis plus tenir au vent de bize et à vôtre éloignement. Les neiges qui m'entourent me rendent aveugle; le vent me tue; les tracasseries de Genêve m'ennuient; le blocus de mon petit païs me met à la gêne. On m'a parlé d'une jolie maison sur la Saone à une Lieue de vôtre belle ville. Si je puis l'acheter sur la tête de made Denis à un prix convenable, je ferai le marché, et je partagerai mon temps entre Ferney et cette maison. Mandez moi sur vôtre honneur, je vous en prie, si vous avez eu aujourd'hui vendredy 17 avril, un vent affreux et de la neige.
Connaissez vous l'anecdote sur Bélisaire? Si vous ne l'avez pas je vous l'enverrai; et tant que je serai près de Genêve je me charge de vous fournir toutes les nouveautés. Vous n'aurez qu'à parler.
Adieu mon très cher confrère.
v. t. h. o. s.
V.