14e xbre 1766
J'ai reçu votre petit billet de Valence, mon cher marquis, et je vous écris à tout hasard à Valence.
Je suis enchanté que vous vous confirmiez de plus en plus dans vos bons principes; mais la maison du seigneur est entourée d'ennemis, et il y a des indiscrets dans le temple. Vous souvenez vous d'une réponse que je vous fis, lorsque vous étiez à Nancy? Je faisais vos compliments au brave confiseur qui vendait vos dragées, vous envoyâtes ma lettre à un de vos élus de Paris, et cet élu très indiscret m'a damné en faisant courir ma lettre. J'en ai reçu des reproches de la part des préposés aux confitures, et je crois le confiseur très embarrassé. Tâchez que l'enfer où je suis, se tourne au moins en purgatoire; je ne crois pas en effet avoir fait des compliments à un confiseur que je ne connais pas. Mandez que cette lettre n'est pas de moi, car assurément elle n'est pas de moi, et vous ne mentirez pas. Mandez que vous vous êtes trompé; mandez que ce n'est pas assez d'avoir l'innocence de la colombe, et qu'il faut encore avoir la prudence du serpent. Marchez toujours dans les voies du juste; distribuez la parole de dieu, le pain des forts; faites prospérer la moisson évangélique; recevez ma bénédiction, et vivez dans l'union des fidèles.