1766-03-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Je crois, mes anges, que voici le dernier effort du pauvre petit diable d'exjésuite.
Vous serez peut-être étonné de trouver des numéros en marge, comme s'il s'agissait d'une reddition de comptes, mais ces numéros indiquent des notes qu'on prétend mettre à la fin de la pièce. Ces notes sont pour la plupart purement historiques, et serviront à faire connaître les héros ou les monstres de ce temps là. Il y a une préface curieuse, on vous enverra le tout avec les noms des personnages, si vous êtes contents de la pièce. Nous attendrons vos ordres.

Vous ne daignez pas me mander des nouvelles du tripot; vous ne me dites rien de l'ordonnance qui doit déclarer ma livrée honnête; pas un mot de la clôture du tripot, ni de la rentrée, ni de l'imposante Clairon. Je ne vous dirai rien non plus de mr de Chabanon; je ne vous dirai pas que je lui ai donné un sujet que je crois très intéressant et très tragique.

Je me mets sous l'ombre de vos ailes du fond de mes déserts et du milieu de mes neiges.

V.