à Ferney 14e xbre 1765
J'ai l'honneur de vous renvoier, Monsieur, la Liste de la Lotterie que vous avez eu la bonté de me prêter.
Je vous suplierai de vouloir bien, à vôtre loisir, mander à vos correspondants de Paris, de faire porter chez mr De La Borde, banquier du Roy, mes trente six billets de Loterie, y compris les billets qui ont gagné les lots. Monsr De La Borde aura la bonté de joindre cette petite parcelle aux billets dont il a bien voulu se charger pour moi, et la petite masse sera réunie à la grande. Quand cette opération sera faitte, je serais bien aise que vous voulussiez me faire savoir ce qui vous restera entre les mains.
J'aurais une autre affaire à vous proposer. Vous verrez, Monsieur, si elle convient à vos arrangements.
Il s'agit de savoir si vous pouriez, à commencer au 1er de Janvier, me faire toucher tous les trois mois, un argent assez considérable que doit me paier un négociant nommé Mr Sahler; il n'a pas toujours son argent prêt à l'Echéance. Je consentirais à paier un demi pour cent par mois pour vôtre escompte, mais je voudrais que le change fût toujours au pair, ce qui reviendrait au même pour vous, attendu que Mr Sahler vous paierait en espèces.
Il restera à savoir si vous pouvez vous dégarnir tous les trois mois d'une somme d'environ quinze mille Livres. J'écrirai à Mr Sahler suivant vôtre réponse.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments qui vous sont dus, Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur
Voltaire