à Ferney 8e 9bre 1765
Vous croiriez peut être, ma chère nièce que je ne vous ai point écrit, et vous auriez tort avec toute l'aparence d'avoir raison, attendu qu'il y a un gros paquet pour vous chez Made la Duchesse D'Anville (depuis quelques jours) qui a la bonté de s'en charger; elle devait partir demain, mais toutes les rivières sont débordées, toutes les montagnes sont éboulées, tous les carosses sont noiés, et personne ne part.
Il est même fort douteux que Mr Tronchin aille à Paris cet hiver. Je vous mandais que Made la comtesse d'Harcourt se fesait transporter dans un tiroir, mais il n'en est plus rien.
On disait aussi dans vôtre grande ville, qu'on avait envoié un courier à Mr Tronchin, et qu'il allait à Fontainebleau; il n'y a pas un mot de vrai. Il se pourait bien aussi qu'il ne fût pas vrai que Mr De Castillon, avocat général au parlement d'Aix, eût prononcé le discours qu'on débite à Paris sous son nom. Le mieux qu'on puisse faire en plus d'un genre, est d'attendre le boiteux et de ne rien croire du tout. Croiez cependant très fermement que je vous aime de tout mon cœur vous, le grand Ecuier de Cyrus, et vos deux conseillers.
V.