1765-03-17, de Étienne Maurice Falconet à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

En relisant le Temple du goût, dernière édition, j'ai trouvé de petites fautes dans une notte; ces fautes regardent la Sculpture.
Je puis en juger par ce que je connois un peu cet art. Il s'agit de faits aisés à rectifier dans la belle édition qui s'imprime de vos ouvrages.

Si j'en faisois qui fussent dignes de la postérité, je recevrois les observations du plus petit homme avec d'autant plus de plaisir qu'il observeroit juste. Vous daignerez donc m'écouter, Monsieur, par ce qu'en parlant de la Sculpture, vous avez voulu en parler juste, et que je me renferme dans les bornes du ne sutor.

Temple du goût, notte O.

Il n'y a que trois figures de Girardon au grouppe des bains d'Apollon, le Dieu et deux nymphes qui sont sur le devant.

Il n'y a qu'un des grouppes de chevaux (celui à droite en entrant) qui soit de Marti. L'autre est trop mauvais pour en parler.

Il n'y a point de gladiateur du Pujet; c'est le Milon et l'Andromede.

J'ai fait d'autres observations sur les artistes du siècle de Louïs 14. Mais, Monsieur, je ne prendrois la liberté de vous les envoïer que si vous m'en donniez la permission. C'est assez pour cette fois de percer la foule de vos admirateurs et de vous dire que, dans un coin de Paris, il existe un homme que vous échaufé, que vous instruisé et qui vous prie d'agréer ses remerciemens très respectueux. Mais qu'importe à Voltaire le petit hommage de son très-humble et très obéissant serviteur

Falconet