15e xbre 1764
Frère Cramer est d'accord, mon cher frère, ainsi, envoiez au plutôt l'histoire de messieurs de Loyola; mais n'oubliez pas de me parler des nouveaux édits. Tous mes correspondants me mandent d'ordinaire quand il s'agit d'une chose bien intéressante, Je ne vous la mande pas, car vous la savez. Gardez vous bien de les imiter, dites moi tout, car je ne sçais rien.
On parle de la supression de tous les receveurs et controlleurs du dixième. Je crois encor que cela ne vous regarde pas, et que vôtre emploi est à l'abri d'un nouveau règlement; je vous prie de m'en instruire; je suis un vrai frère, je m'intéresse à vous spirituellement et temporellement.
Je crois que dans le moment présent on ne s'intéressera guère aux rêveries du testament du cardinal de Richelieu. Les sottises présentes occupent toujours tout le monde, et les sottises passées n'amusent qu'un très petit nombre de gens oisifs.
Les nouveaux édits retarderont probablement le beau morceau d'éloquence qu'Omer prépare; s'il est encore aidé par Chaumeix celà sera divin. Continuez à échauffer le génie de Protagoras. Dieu le destine sans doute à un grand apostolat. Il faut qu'il écrase le monstre. N'est-ce pas une chose honteuse qu'on ait tant reproché aux philosophes de s'unir pour faire triompher la raison, et qu'aucun d'eux n'écrive en sa faveur? Il faudrait au moins qu'ils méritassent les reproches qu'on leur fait. Mourrai-je sans avoir vu les derniers coups portés à l'hydre abominable qui empeste et qui tue?
Je vous embrasse bien tendrement. Ecr: l'inf: