28e auguste 1764 à Ferney
Dans le fonds de mon hermitage,
Loin de l'illusion des cours,
Réduit hélas! à vivre en sage,
Ne l'ayant pas été toujours,
Et ne l'étant qu'en mon vieux âge;
La retraitte est mon seul recours,
Je ne ferai plus de voiage.
Que la gloire avec les amours,
Couronent devers Cracovie
Un prince aimé de sa patrie
Qui lui promet de si beaux jours.
Trop éloigné de sa personne,
Je me borne à former des vœux.
On luy décerne une couronne
Et je voudrais qu'il en eût deux.
Voilà mon cher philosophe les prédictions du Nostradamus de Ferney, que vous pouvez montrer à M: le comte de Mnizek, à qui je présente mes respects. J'ay déjà lu avec grand plaisir quelque chose de votre logique, je me flatte que bientôt il en paraîtra dans la gazette littéraire un extrait dont vous ne serez pas mécontent. Conservez toujours un peu d'amitié pour ce vieux malade qui est obligé de dicter vers et prose.
V.