1757-03-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Tronchin.

J'aimerais bien mieux mon très cher et très honoré confrère, et mon très grave conseiller, et mon très aimable ami, vous voir à Lauzane à la première représentation d'une pièce nouvelle que de vous savoir à Lyon.
Je crains que notre Esculape n'aille plus loin. Si vous m'abandonnez tout deux, ce n'est pas la peine de garder les Délices. Insere nunc Melibée piros, pone ordine vites! Puissai je vous retrouver, vous embrasser dans ma petite retraitte genevoise devers pâques! Allez donc à Lyon. Cette lettre vous y trouvera probablement. Mais je vous avertis que notre trouppe de Lausane vaut mille fois mieux que celle de Lyon, et l'emporte à certains égards sur celle de Paris. Vous ne savez pas ce que vous avez perdu. Bon voiage. Prompt retour, je vous prie et les plus tendres compliments à l'incomparable docteur. Me Denis se joint à moy.

V.

Je prends le party d'adresser ma lettre à Lyon chez m. Robert Tronchin.