1763-09-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Philippe Fyot de La Marche.

Monsieur,

Un jeune homme, nommé Clément, né à Dijon, qui paraît avoir beaucoup de belles lettres, s'est imaginé que j'étais assez heureux pour avoir quelque crédit auprès de vous.
Il s'est adressé à moi lorsque vous partiez de Genève, et m'a chargé de vous présenter sa très humble requête. Il vous demande votre protection dans le dessein où il est de se consacrer à instruire les enfants.

Je n'ai pas, monsieur, la vanité de penser qu'il m'appartienne de vous demander des grâces: je devrais me borner à m'acquitter simplement de la commission que ce jeune homme m'a donnée, mais permettez moi de vous dire que par toutes les informations qu'on m'a données de lui, il paraît très digne de l'emploi qu'il vous demande.

Je suis inconsolable de vous avoir fait si peu ma cour: pardonnez à un vieillard malade, qui n'a plus que des sentiments, et qui à peine a la force d'aller d'une maison à une autre. Si j'avais jamais un peu de santé, j'en profiterais bien vite pour venir vous assurer de l'attachement et du respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire