12e august [1763]
Je commence par dire à Monsieur le ministre du vingtième que Mr Marinval ou Morinval, directeur de Lyon, a payé pour moi mes trois vingtièmes pour toute l'année 1763, quoi que je ne dusse en paier la moitié qu'au mois de septembre prochain, mais j'aime à m'acquitter de bonne heure de mes petits devoirs de bon citoïen et de bon sujet; c'est ainsi que sont faites les véritables philosophes.
Je me flatte qu'on ne trouvera pas mauvais que je vous envoie le gros paquet cy joint pour le conseil; le tout s'adresse à mr Mariette; c'est une affaire très importante pour laquelle même, je vous suplie, mon cher frère, d'encourager le zèle que mr Mariette veut bien me témoigner.
Je bénis Dieu de ce que vous avez reçu tous mes paquets. Vous avez eu la bonté, en dernier lieu, de m'envoier les Lettres patentes du Roy pour des échanges de terre. Je mande à Mr Mariette qu'il me manque deux pièces essentielles, qui sont la grosse de mon contract d'échange, et la permission de L'Evêque. J'avais envoié ces deux pièces, elles doivent être ou dans les bureaux de Mr De st Florentin, ou chez mr Mariette.
Quant aux autres pièces plus importantes, j'espère en faire tenir à mon frère dès qu'on sera revenus de Compiègne.
Je l'ai déjà suplié de me faire tenir le radoteur, ou le radotage; on dit que c'est un bon ouvrage, qui a été fait sous les yeux de mr le controlleur général. Je vous avoue que je crois que les ministres en sçavent toujours plus que moi. Je pourais leur dire seulement ce que Despreaux disait au Roy, Sire, je me connais mieux en vers que V: M:
J'ai demandé aussi à frère Thiriot la Lettre de Jean Jaques qui a fait, dit-on, quelque bruit à Paris.
Est-ce que mon frère connait le conseiller Nigon? C'est une chose bien extraordinaire qu'un savoyard sans éducation ait si bien ramoné la cheminée des cagots.
Il me parait que mr de Fourbonais avait fait autrefois un fort bon livre de finances, mais comme dit François, magis magnos cléricos non sunt magis magnos sapientes.
Le présomptueux, l'ambitieux, mauvais sujets de commédie.
Ecr: l'inf: