1763-01-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Ribote-Charron.

Le benêt qui allait prier sur la tombe de Marc Antoine, n'est pas le seul fou de Toulouse; mais ceux qui ont poursuivi la mort de Jean, sont des fous bien dangereux.
Ceux qui disent que la veuve ne réussira jamais se trompent fort. Ceux qui se fâchent contre un citoyen qui a pris le parti de l'innocence, ne sont pas au bout. Les jeux floreaux et la Bazoche peuvent amuser, mais il faut s'en tenir là, et ne pas faire rouer un homme de bien.

L'affaire de la Calas sera jugée ce mois cy, et il y a grande apparence que les juges penseront comme tout Paris, et le citoyen tolérant qui a mis cette affaire en train sera assez païé de ses peines, s'il réussit, comme il l'espère, à faire rendre justice.

On ne manquera pas d'envoier à Montauban les volumes qu'on demande, mais ils ne pouront être prêts que dans un an.

Jean Jaque est un grand fou d'avoir écrit contre les philosophes tandis qu'il prétendait l'être; ce pauvre original est bien malheureux.