Versailles 27 Août 1762
Vous avez raison, Monsieur le Duc, l'affaire de ce malheureux Calas fait frémir.
Il falloit le plaindre d'être né huguenot, mais il ne falloit le traiter pour cela comme un voleur de grand chemin.
Il paroit impossible qu'il ait commis le crime dont il étoit accusé: cela n'est pas dans la nature.
Cependant il est mort, & sa famille est flétrie & ses juges ne veulent pas se repentir.
Le bon coeur du Roi a bien souffert au récit de cette étrange aventure & toute la France crie vengeance.
Le pauvre homme sera vengé, mais non rendu.
Ces gens de Toulouse ont la tête chaude, & plus de religion à leur manière, qu'il ne leur en faut pour être bons chrétiens. Dieu veuille les convertir & les rendre plus humains!
Adieu, Monsieur le Duc, croyez à ma sincère amitié.
La Marqse de Pompadour