1762-08-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Devosges.

J'ai toujours, monsieur, de nouveaux remerciements à vous faire des trois dessins que vous avez eu la bonté de m'envoyer dans votre dernier paquet.
Deux sont entre les mains de mm. Cramer, qui les enverront à leurs graveurs. Le troisième est la ceinture de chasteté que vous mettez à cette Pulcherie. Je trouve cette idée allégorique très pittoresque. D'ailleurs c'est tout ce que fournit le sujet de cette pièce. Pulcherie déclare à son vieux Martian qu'il ne couchera point avec elle, et qu'il ne sera que son maître d'hôtel: c'est là tout le nœud et tout le dénoûment.

Plus les dernières pièces de Corneille sont indignes de lui, plus on doit vous savoir gré de les embellir par vos dessins.

Vous trouverez ci-joint le dessin de l'estampe de Pulchérie, que vous comptez mettre dans la forme ordinaire. Je ne sais pas trop ce que signifie la personne enchaînée, mais je m'en rapporte à vous sur les attitudes que vous donnerez aux figures, comme sur tout le reste.

J'ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire