1762-07-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Toutes les raisons de justice et de convenance sont pour vous, mais elles doivent céder à l'autorité de m. le contrôleur général et à son amitié pour m. de Morival.
S'il vous avait connu, ce serait vous qu'il aimerait sans doute. Faites vous un mérite auprès de lui de votre sacrifice, afin qu'il vous aime à votre tour. Tâchez de lui parler; donnez lui des éloges sur ce que l'amitié lui fait faire; remettez votre sort entre ses mains. Cette conduite, la seule que vous deviez tenir, peut contribuer à votre fortune. Mon cher frère, je vous prierai toujours de prendre votre parti en philosophe sur l'affaire de cette direction. Il est bien à souhaiter qu'on puisse imprimer à son profit ces pièces qui me paraissent convaincantes et qu'elle puissent être portées au pied du trône par le public soulevé en faveur de l'innocence. Faites les imprimer, criez, je vous en prie, et faites crier. Il n'y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice. Les formes ont été inventées pour perdre les innocents.

Mon frère Thiriot vous embrasse; mon frère d'Alembert me néglige positivement.