1761-11-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Philippe Fyot de La Marche.

Mon corps est malade, monsieur; mon âme se porte bien, car elle est pleine de vous.
Je ne sais où vous êtes, et j'ignore si mlle votre fille est auprès de vous.

Je suis en peine d'un gros paquet que je vous ai adressé concernant les Fétiches. Mais comptez que le grand Corneille m'est encore plus précieux que le petit président de Brosses.

Je vous avais supplié de me faire savoir si votre graveur pouvait entreprendre une douzaine d'estampes; la moitié du monument serait érigée sous vos auspices. Je vous demande en grâce de me dire si vous avez approuvé ma témérité.

Il ne faut pas que vous vous contentiez de m'être apparu dans ma retraite; vous avez réveillé mon ancienne passion pour vous, et vous ne me laisserez pas là après m'avoir tourné la tête. Quelque part que vous soyez, daignez me donner vos ordres, et agréez le tendre respect du malade

Voltaire