1761-08-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Ponce Denis Ecouchard Lebrun.

Je suis affligé monsieur pour mgr le prince de Conty et pour vous, qu'il soit le seul de tous les princes qui refuse de voir son nom parmy ceux qui favorisent le sang du grand Corneille.
Je serais encor plus fâché si ce refus était la suitte de la malheureuse querelle avec L'infâme Fréron. Vous m'aviez écrit que je pouvais compter sur S. A. S. Il est dur d'être détrompé. L'ouvrage mérite par luy même la protection de tous ceux qui sont à la tête de la nation; mademoiselle Corneille la mérite encor plus. Je saurai bien venir à bout de cette entreprise honorable sans le secours de personne, mais j'aurais voulu pour l'honneur de mon pays être plus encouragé d'autant plus que c'est presque le seul honneur qui nous reste. L'infamie dont les Frerons et quelques autres couvrent la littérature, exige que tout concourre à relever ce qu'ils déshonorent. Secondez moy au nom des Horaces et de Cinna.

V. t. h. ob. sr

Voltaire