1761-05-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

On est accablé d'affaires et de travaux.
Il faut défricher une lieue de bruières et l'histoire de Pierre 1er , faire réimprimer l'hist. gén͞ale où le genre humain sera peint trait pr trait, et ce ne sera pas en beau.

On demande le plus profond secret sur la pièce du conseiller de Dijon.

On n'a plus la petite épître à melle Clairon. Ce sont bagatelles qu'on fait en déjeûnant et dont on ne se souvient plus.

Le nom du vengeur de Corneille contre les Anglois ne doit point être mis à cette brochure. Jamais de nom — à quoy bon? Si on trouve quelque rogaton on l'enverra. Mais les rogatons sont aux Delices.

La lettreà l'académie, n'est qu'une lettre de détail de librairie, et d'ailleurs on ne doit pas l'imprimer sans son ordre.

Melle Corneille a l'âme aussi sublime que son grand oncle — elle mérite tout ce que je fais pour son nom. J'ay relu le Cid — Pierre je vous adore.

Le Dain est un grand fat; et l'avocat condamné un pauvre homme. Paris est bien fou.

Quand mr Thiriot aura fait jouer la pièce bourguignone qu'il vienne à Ferney et aux Delices.

Valeté.

V.

Nb. Je serai bien surpris si ce pédant Daguessau, si ce plat janséniste ennemi des gens de lettres avait fait quelque chose de passable sur l'art du téâtre. Il aurait bien mieux fait d'aller voir Cinna et Phedre. C'était un homme très médiocre, un demi savant orgueilleux, et si j'avais été à l'académie