à Ferney 3 avril 1761
Monsieur
Si vous voulez vendre votre terre de Feuillasse à perpétuité je vous prie de me dire combien vous en voulez.
Si vous la voulez vendre à vie, je suis obligé de vous instruire que la personne qui peut l'acquérir n'a que trente cinq ans. Il me parait juste qu'elle paye un denier plus fort que je n'ay payé la comté de Tourney. Je l'ay achetée à vie au denier dix avec les meubles, sur le prix du bail. La proportion me paraît être le denier sept. Celuy qui peut acquérir votre terre est comme vous monsieur un homme plein d'honneur. C'est un marché de gentilshomes. C'est à vous à dicter les loix. Ayez la bonté monsieur de m'instruire de vos volontez, je les exécuterai en bon voisin qui est à vos ordres en toutte occasion. J'ay l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire