27e aoust 1760
La personne à qui Monsieur Rousseau a écrit touchant le petit ouvrage de Mlle Vadé, servira Monsieur Rousseau dans toutes les occasions; mais cette personne ne lui a point envoié la petite pièce dont elle était en possession, dans l'intention de porter le moindre préjudice à Mlle Vadé; il parait aucontraire que cette Dlle devait s'attendre à quelques remerciements, attendu qu'elle a pris vivement le parti du journal Encyclopédique contre l'année Littéraire, ou anti-Littéraire.
Ce n'est pas un bon moien de faire connaitre un ouvrage que d'en dire du mal; et le petit ouvrage envoyé était très connu, et on en a fait déjà trois Editions. Le mieux eût été de ne jamais prévenir le jugement du public, de ne le point choquer, et de ne point sacrifier son jugement et son intérêt à la crainte qu'on peut avoir de quelques misérables qui n'ont aucun crédit.
Si M: R: est mécontent de l'endroit où il a transporté son Ile flottant de Delos, on lui offre un château ou une maison isolée, à l'abri de tous les flots; il y trouvera toutes sortes de Secours, et de l'indépendance. Il y poura transporter sa manufacture, et il ferait encor mieux de se servir de la manufacture d'un négotiant accrédité, dans le voisinage, qui est tout prest. Il pourait tirer de très grands avantages de ce parti, et n'aurait jamais rien à craindre; il faudrait seulement qu'il vint sous un autre nom, qu'il n'en parlât à personne, et que la marque de sa marchandise ne portât le nom d'aucune ville; il se ferait adresser les paquets de ses correspondants à Lyon.