1760-07-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Baron Friedrich Melchior von Grimm.

Je reçois mon cher voyant, et bien voyant, mon cher profète d'alethée, votre lettre du 4 juillet; vous voulez ma réponse à Palissot, la voicy.

J'y joints ma réponse au père de Menou qui m'a envoyé L'incrédulité combattue par le simple bon sens, essai philosophique par un Roy, ouvrage dans le quel je reconais le simple bon sens de Menou.

Pour émousser à jamais tous les traits qu'on lance contre la raison, il faut mettre Diderot de l'académie française. C'est une négociation dans la quelle vous réussirez plus aisément qu'à faire donner de l'argent à votre ville de Francfort.

Cependant il serait utile et honnête, que Robin mouton imprimast le pauvre diable, le russe à Paris et la lettre du frère de la charité. Comme dans tout cela on n'attaque aucune belle femme, ces petits ouvrages ne seront point censurez par la Sorbonne. Plura alias. L'esprit d'Elie soit toujours sur vous avec un bon mantau. Faittes sous terre votre brigue pour mettre Diderot de notre académie. Je viendray luy donner ma voix. Après quoy je retourneray aux Délices. La chose est possible. Donc on y réussira. Il n'y a pas à hésiter. C'est une victoire qu'il faut remporter sur les sots et sur les fripons à quelque prix que ce soit.

N. b. que la poste part et qu'on ne peut transcrire aujourduy la lettre à frère Menou.

Dieu vous fasse réussir dans touttes vos entreprises excepté à faire donner de l'argent à Francfort.