aux Délices 23 juin [1760]

Mon divin ange M. le duc de Choiseuil m'a mandé qu'il avait vu le pauvre Diable.
Vous devez l'avoir chez vous. Mais en voicy je crois une meilleure édition que la cousine Catherine Vadé m'a envoyée et que je remets dans vos mains pour vous amuser, car il faut s'amuser. Voicy encor l'amusement d'une nouvelle réponse à une nouvelle lettre de Palissot de Montenoy. Puisque vous avez eu la bonté de luy faire parvenir ma première, j'ose encor vous supplier de luy faire tenir ma seconde. Elle est argumentum ad hominem, et s'il ne fait pas ce que je luy demande, je pense qu'on peut alors rendre ma lettre publique. Mais ce ne sera pas sans votre consentement.

Vous aurez par le premier ordinaire le drame de Jodelle ajusté au téâtre moderne par Hurtaud. Si cela ressemble à Nanine j'ay tort, si cela n'est pas guai et intéressant, j'ay encor tort.

Si cela peut être joué sans qu'on soupçonne le moins du monde un autre qu'Hurtaud j'aurai un vrai plaisir. Voulez vous m'en faire un? C'est de m'envoyer un des mémoires de M^R LE FRANC DE POMPIGNAN? Tout le monde m'en parle et je ne l'ay point vu.

Je suppose que vous daignerez faire prendre copie de ma réponse à Palissot. Il ne manque pas d'esprit ce drôle là. Il m'a écrit des lettres captieuses.

Je suis enchanté, on a pris un gros magazinà Luc, on est en Silesie . . . . (cela est douteux)

Comment se porte mad^e Dargental? Comment m^r de Courteilles se trouve t'il de la tronchinade?

Mon cœur est aussi tendre avec vous, que coriasse avec Pompignan. Trublet travaille au journal chrétien. Il a imprimé que je le faisais bâiller. Catherine Vadé dit qu'il est plus ennuieux encor que moy.

Mes respects je vous prie à Abraham Chaumex si vous le voyez chez m. Joli de Fleuri.

Je ne vous en aime pas moins mon divin ange.

V.