18e xbre 1759
Je m'intéresse bien vivement, mon cher Monsieur, à tout ce qui peut toucher madame de Freudenrick; je crains de ne pas assez ménager sa douleur en lui écrivant une de ces Lettres de condoléance, qui ne sont, comme dit Lafontaine, que des surcrois d'affliction; j'ai pris le parti d'adresser ma Lettre à mr de Freudenrick; je reconnais bien vôtre amitié à la part que vous m'avez faitte de ce qui regarde une famille qui me sera toujours bien respectable & bien chère.
Je vous plains si vous avez mis quelque chose sur les fonds publics de France; il n'y a pas d'aparence que nos pertes immenses soyent sitôt réparées; j'ai embarqué comme vous une grande partie de ma fortune sur ce frêle vaisseau de la foi publique; mais il ne faut jamais songer à ce qu'on a perdu; il faut penser à bien employer ce qui reste.
S'il est vrai qu'un corps Prussien de 8000lt ait été battu par les Autrichiens, et que le mal De Daun se soit ouvert les chemins de Berlin, je tiens le Roy de Prusse plus à plaindre que vous et moi.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
Vre
S'il est vray que le gén͞al Beck ait battu un crops prussien et se soit ouvert le chemin de Berlin.