1759-12-10, de Marie Louise Denis à Joseph Louis de Ponte, comte d'Albaret.

Vous êtes sûrement très en collere contre moi, mais je suis bien sûre que nous nous racomoderons.
J'aime bien mes amis, je ne les oublie point, je suis enchantée de les revoir, mais je suis très paresseuse d'écrire. Il faut m'aimer avec mes deffauts.

Je vous trouve heureux actuelement d'avoir Mr et Mme la Marquise de Chovelin, c'est un couple charmant. Je ne doute pas que Mme Chovelin n'aît baucoup réussi, elle est aussi aimable d'esprit et de caractère que de figure. Mendez moi je vous prie si l'on lui rand justice à Thurin; vous ne pouvez pas me faire un plus grand plaisir que de m'en parler, à moins que vous ne veniez vous même m'en dire des nouvelles. Venez vous toujours nous voir dans le mois de février? J'en serais enchantée. Soiez sûr que l'oncle et la nièce conserve pour vous la plus tendre amitié.

Nous ne comtons jouer la Comédie que sur la fin d'avril ou au commencement de mai. Comme nous la jouons à Tournex il faut que la saison soit belle. Sans le bau temps la peine passerait le plaisir.

On dit que la marquise de Muio s'en va sur la fin de février. Elle est mieux mais non pas entièrement guérie.

Donnez nous de vos nouvelles. Mr Chovelin vous dira que je lui ai beaucoup parlé de vous. Il vous aime et je puis vous l'assurer. Comptez sur mon amitié, ne vous formalisez point de ma paresse, elle ne prand point sur mes sentimens pour vous et je serai toujours avec le plus inviolable attachement

Monsieur

Votre très humble et très obbéissente servente

Denis