1759-04-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Vous verrez, Monsieur, par cette Lettre pour Monsieur le Baron de Beckers, envoyé extraordinaire de S: A: S: E: palatine, et son premier ministre d'Etat, de quoi il s'agit.
Je vous supplie de souffrir en paix la manière dont j'y parle de vous, et de vouloir bien avoir la bonté d'accompagner ma dépèche d'un petit mot de certificat, conforme à ce que j'écris à Monsr le Baron de Beckers. Je vous supplie de vouloir bien cachetter le tout et le lui faire tenir à Paris. J'ai oublié sa demeure, mais les Lettres aux ministres étrangers sont rendües aussi éxactement qu'elles sont ouvertes.

Je viens encor de faire quelques petites acquisitions à Ferney. Quand L'Electeur palatin, le Duc de Virtemberg et le Roy me payeraient aussi mal qu'on fait à Cadix nous aurons toujours le Lait de nos vaches Made Denis et moi pour nous nourrir; il n'y a que celà de bien sûr dans ce monde. On peut mourir de faim avec des Roys, mais jamais avec des terres. Il me parait qu'on va faire de si grands éfforts cette année qu'il faudra tout l'esprit de Monsr le contrôlleur général pour trouver l'année qui vient de l'argent au trésor Royal.

J'embrasse tendrement mon cher correspondant.

V.