1759-02-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louise Suzanne Gallatin.

Je viendrai madame dès que je le pourai recevoir la bénédiction de votre incomparable tante.
Il est vray qu'on peut ne se pas presser. La manière dont elle pense, dont elle sent, et dont elle s'exprime fait juger qu'elle jouira longtemps de sa jeunesse centainaire. Il ne luy manque que d'être enlevée comme Sara qui le fut à peu près à son âge. Nous avons dans mon petit hermitage une fille qui a aussi cent ans mais je ne ferai jamais de vers pour elle. Je veux en faire pour vous ma chère et respectable voisine quand vous aurez l'âge de votre tante. Ne m'oubliez pas quand vous écrirez à Gauffecour. Je désespère du président, j'espère que dans un an nous pourons marcher sans ses lisières. Baisez pour moy la main de L'incomparable. Mille très humbles obéissances à mr Galatin.

V.