Lausane 18 [February 1758]
Je prendrai volontiers ce journal monsieur s'il est fait en italien, car je ne puis soufrir qu'on latinise les noms modernes.
Et de plus aucun détail de marine, d'artillerie, d'objets de commerce, d'expériences de phisique, d'inventions nouvelles ne peut s'exprimer dans une langue morte. Il faut écrire ou en français, ou en italien, ou n'être pas lu.
Vos confrères de Geneve disent donc qu'ils ont plus que du respect pour Jesus christ. Hélas ce pauvre Servet avait reconu sa divinité, quoy qu'il n'adoptât pas l'omousion.
Si j'étais né citoyen de Lucerne, et qu'on me proposât d'aller tuer des hommes pour de l'argent sous les étendarts de la maison d'Autriche, j'aimerais cent fois mieux aller établir une colonie en Amerique. Guillaume Tell doit être bien fâché.
Mille respects à mr et me de Freudenreik, nous voudrions bien avoir l'honneur de les recevoir dans notre maison qui est très commode.
Je vous embrasse mon cher ami du meilleur de mon cœur.
V.