1725-09-11, de Jean Baptiste Rousseau à Voltaire [François Marie Arouet].

Vous vous y prenez fort mal mon cher monsieur pour vous vanger de ceux que vous n'aimez pas.
Le seul moien que vous auriez pour cela seroit de devenir honneste homme. Alors vos écrits pourroient peut être faire de la peine. Mais croïez vous en bonne foi qu'un auteur qui a osé déchirer Jesus christ dans une satire affreuse puisse jamais offenser une personne raisonnable, et peut on rien souhaiter de plus glorieux que de se voir associé par vous au Fils de Dieu même? Désabusez vous donc et songez que celui qui après avoir eu la témérité de composer un pareil ouvrage a esté assez imprudent pour le débiter en divers lieux et à plusieurs personnes qui sont toutes prêtes à en rendre témoignage, est condamné à estre sage toute sa vie et à ne jamais faire d'ennemis. Profitez d'un dernier avis que vous ne devez qu’à la répugnance qu'on se sent à faire du mal et à la pitié qu'on a de votre peu d'expérience.