1756-09-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Amable Sénac de Meilhan.
Elève du jeune Apollon
Et non pas de ce vieux Voltaire,
Elève heureux de la raison
Et d'un dieu plus charmant qui t'instruisit à plaire,
J'ay lu tes vers brillants, et ceux de ta bergère,
Ouvrages de l'esprit, embellis par l'amour.
J'ay cru voir la belle Glicere
Qui chantait Horace à son tour.
Que son esprit me plaît! que sa bauté te touche!
Elle a tout mon suffrage, elle a tous tes désirs,
Elle a chanté pour toy. Je vois que sur sa bouche
Tu dois trouver tous les plaisirs.

Je réponds bien mal monsieur aux choses charmantes que vous m'envoyez. Mais à mon âge on a la voix un peu rauque. Lupi Mœrim videre priores; vox quoque Mœrin déficit.Ma nièce et moy nous vous regrettons également. Je vous demande encor pardon de vous avoir si mal logé, et je vous prie de faire mes excuses à votre aimable compagnon de voiage. Ma santé est toujours bien mauvaise.Présentez je vous prie mes obéissances, à celuy qui a soin de la santé du roy, au père de ce qu'il y a de plus aimable.Mr votre frère veut il bien aussi se souvenir de moy?

Si vous me faites la faveur de m'envoyer les paquets que vous me promettez, vous pouvez les faire contresigner par mr de Cheneviere. Comptez que vous êtes aimé sans cérémonie par le suisse V.