1756-07-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Mais quoy! mon cher correspondant, si mr des Brieres à Paris est le trésorier des parieurs, s'il est vrai que ceux qui me l'ont mandé, ont parié; s'il est vrai qu'à Londres il y ait un si grand fou, cela ne vaudrait il pas la peine de s'en informer?
Je vous avoue que j'en suis bien curieux.

M. le duc de Villars me fit l'honneur de me mander le 25 du passé qu'il venait d'envoier 600 hommes de renfort et deux cent artilleurs à Minorque. Cela ne prouverait il pas plus de besoins que de succez? Monsieur le maréchal de Richelieu me parait sûr de prendre la place. Nous tirerons des fusées à nos Délices. Mais je ne sçais pas encor si ce sera au mois de juillet ou au commencement d'aoust.

J'ay dîné aujourdui avec tout ce qui a le bonheur de porter votre nom. Nous avons embrassé, et écouté Esculape. Nous avons bu à votre santé.

Vraiment mon cher monsieur vous nous ferons plaisir si vous trouvez des flambaux d'argent haché de vouloir bien nous en envoyer six. Si vous n'en trouvez que quatre, cela suffira. Pardonnez les petites libertez continuelles que nous prenons.

J'avais compté tirer sur vous baucoup d'argent, mais j'ay fait face jusqu'à présent. Bon soir. Nous sommes pénétrez de tout ce que nous vous devons

V.