à Colmar 26 juillet 1754
Votre sœur m'a écrit, ma chère nièce; elle est en Grèce et moi à la Chine.
Je me suis aperçu que vous m'aviez furtivement équipé d'une boussole pour ce voyage de long cours. J'aimerais encore mieux que vous fussiez ma boussole. La plus jolie galanterie que vous puissiez me faire est de vivre avec moi le plus que vous pourrez. Nous vous regrettons bien; mais le petit voyage de Colmar était nécessaire: je n'y suis pas arrivé avec une santé parfaite. Ayez grand soin de la vôtre. Dieu vous a refusé les grosses joues; mais j'espère que vous en aurez. De bonnes digestions donnent tout. Mes compliments au traducteur du roman anglais. Gardez moi le secret sur notre roman chinois.
Adieu; vous avez par delà les Vosges deux cœurs qui sont à vous et qui disputent à qui vous aimera davantage. Je crois que nous irons bientôt à Strasbourg.