1753-06-28, de Frederick II, king of Prussia à George Keith, 10th Earl Marischal.

Je vous envoie, milord, une lettre pour Darget avec son congé.
Je ne suis pas aussi difficile qu'on le croit sur l'article des congés; il n'y a que dans le militaire où de bonnes raisons obligent de conserver de vieux soldats et de ne point former des officiers pour ses ennemis.

Il est arrivé à Francfort une aventure qui m'a fait de la peine. J'avais écrit à mon résident de redemander à Voltaire la croix, la clef et un livre qu'il avait. Il l'a fait, mais il s'en est acquitté avec une exactitude brutale qui n'est pas de mon goût, et j'écris à présent pour redresser le passé.

Pour moi, qui n'aime pas les prêtres, vous pouvez bien croire que je ne balance pas entre eux et le Parlement; je souhaiterais pourtant, par l'attachement que j'ai pour le roi de France, que cette affaire finît bientôt. Je prends à présent les eaux d'Eger, ce qui m'empêche, milord, de vous dire autres choses sinon que vous aurez toute votre vie en moi un bon et fidèle ami.

Federic