[October/November 1752]
Vous avez perdu plus que vous ne pensez, mais votre majesté ne pouvait deviner que dans un gros livre plein d'un fatras téologique et où l'abbé de Prade est toujours misérablement obligé de soutenir ce qu'il ne croit pas, il se trouvast un morceau d'éloquence digne de Pascal, de Ciceron et de vous.
Lisez je vous en suplie sire, seulement depuis 103 jusqu'à 105, à l'endroit marqué, et jugez si on a dit jamais rien de plus fort, et si le temps n'est pas venu de porter les derniers coups à la superstition. Ce morceau m'a paru d'abord être de Dalembert ou de Didrot, mais il est de l'abbé Ivon. Jugez si j'avais tort de vouloir travailler avec luy à l'Enciclopédie de la raison.
Comparez ces deux pages avec la misérable phrase d'écolier de rétorique par où commence le tombeau de la Sorbonne: Un vaissau de la Sorbonne sans voiles et sans timon donnant contre des écueils, et fracassé sans ressource. Cela ressemble au fameux plaidoyé fait contre les putains de Paris: elles allèrent dans la rue Brize Miche chercher un abry contre les tempêtes élevées sur leurs têtes dans la rue Chapon. Vous sentez combien il est ridicule d'apliquer à la Sorbonne ce que Ciceron disait des secousses de la république romaine.
Il y a des choses que je fais, il y a des choses sur les quelles je donne conseil, d'autres où j'insère quelques pages, d'autres que je ne fais point, mais ce qui m'apartient uniquement, c'est mon éresipèle, mon amour pour la vérité, mon admiration pour votre génie, et mon attachement à la personne de votre majesté.
V.