[c. 5 August 1752]
Madame,
Frère Voltaire, comme voit votre altesse royalle, n'écrit que de dieu, aussi est il dans un couvent où l'on fait son salut.
Il y aurait un plus gros volume que la somme de St Thomas à faire sur la théologie dont il est question. Il met à vos pieds la tèse cy jointe. C'est à votre Révérence roiale à prononcer. Il y a en France des moines de Fontevraux qui obéissent aveuglément à une abbesse. Je me sens de ce nombre.
Auriez vous besoin madame d'un lecteur d'une poitrine et d'un esprit infatigable, téologien ne croyant pas en dieu, savant comme la Croze, aussi gros que luy, mangeant tout autant, très serviable et peu cher? je pourais le procurer à votre altesse Royale. Elle sait que je ne luy fais pas de mauvais présents, et elle peut compter sur le zèle que j'aurai toutte ma vie pour son service.
J'ay exécuté ses ordres auprès du baron de Polnits. C'est de quoy luy rendre la santé, et il s'en porte déjà mieux.
Si jamais j'en ay, de cette santé que l'autheur de la relligion naturelle m'a refusée tout net, je viendray sûrement m'informer à Bareuth de la vôtre. Bareüth est l'église où je veux aller en pélerinage offrir un culte de latrie, et me prosterner devant l'auguste sainte que je prie avec le plus profond respect.
Monseigneur daigne t'il agréer mes hommages et S.A.R. daigne t'elle permettre que je mette dans ce paquet une lettre pour mr Dadémar?
V.
Je suis bien touché de l'état de M. de Montperny, votre altesse Royale perdrait là un serviteur tel que les princes n'en trouvent guères.