1751-07-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Voicy madame ce que la vérité encor plus que L'amour de la patrie m'a dicté.
Je vous suplie de faire passer à mon inconnu ces réflexions et l'apologie de mon pays. Je voudrais pouvoir luy parler. On dit plus de choses en une heure qu'on n'en écrit en deux jours; et on s'entend mieux.

Vraiment je vous réponds qu'on ose, et qu'il ne faut point me défier.

La vie est délicieuse à Sans Souci. Je parle de paradis terrestre dans la feuille cy jointe, mais c'est icy qu'il est. Il n'y manque qu'une Eve comme vous, et il n'y a point de serpent.

En vous remerciant d'avoir bien voulu protéger mes paquets.

Mille tendres respects.