à Potsdam, ce 2 avril 1751
Monsieur,
Je me suis acquitté, Monsieur, de la commission dont vous avez bien voulu me charger. J'ai parlé à mr de Voltaire; il m'a avoué de bonne foi qu'il auroit aimé tout autant que ce fût un autre. D'ailleurs il a été extrêmement sensible à la condition sous la quelle vous l'avez pris, Monsieur, et encore plus à votre délicatesse voulant l'en instruire vous même. Il m'a chargé, monsieur, de vous assurer de sa reconnoissance, qui a augmenté de beaucoup par rapport à ce que vous avez, Monsieur, mandé en France touchant son affaire; dont je n'ai pas manqué de L'informer. Oserois-je, monsieur, vous prier de rendre la lettre cy incluse à monsieur votre beaupère? Il s'agit de faire nommer un de mes amis au Consulat de Venise. Aidez, monsieur, ma recommandation de la vôtre, et le Consul sera désigné. Aimez moi un peu, et croyez que personne au monde n'a l'honneur d'être avec autant d'amitié et d'estime,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant servr
C. Algarotti