1751-02-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Étienne Darget.

Mon cher ami, je reçois votre consolante lettre; n'en soyez point en peine, je vous garde toutes celles que vous m'avez écrites.
Nous avons bu à votre santé avec mm. de Cagnoni et Bodiani, quoique je ne boive guère. Car en vérité, mon état est bien éloigné des plaisirs. Il est vrai que le juif ayant demandé à faire serment sur des points contestés, a été déclaré, par la sentence, personnellement indigne de faire serment, et que l'affirmation m'a été adjugée; ainsi tout est absolument pour moi dans l'arrêt, sans en excepter la moindre clause. Le juif est assez fou pour en appeler; il est bien cruellement et bien mal conseillé. J'ai écrit au roi comme je vous l'ai dit; c'était la lettre d'un malade qui n'envisageait que la vérité, mon attachement pour lui, et la mort qui finit tout. Vale.