16 juin [1745] au soir
Je n'avois mon cher silphe suplié madame de Luines de présenter ma rapsodie à la reine, que parce qu'il paraissoit fort brutal d'en laisser paraître tant d'éditions sans luy en faire un petit hommage.
Mais je vous prie de luy dire très sérieusement que je luy demande pardon d'avoir mis à ses pieds une pauvre esquisse que je n'avois jamais osé faire donner au roy.
Enfin sa majesté ayant bien voulu que je luy dédiasse sa bataille, j'ay mis mon grain d'encens dans un encensoir un peu plus propre, et le voicy que je vous présente. C'est àprésent que vous pouvez dire hardiment à la reine que cela vaut mieux que la maussaderie de notre amy le poète Roy. Je ne crois pas qu'aucun de ceux que j'ay si justement célébrez soit fort content que cet honnête homme ait dit en stile d'huissier priseur que j'ay adjugé des lauriers selon mon caprice. Mais c'est une des moindres peccadilles de M. le chevalier de st Michel. Mon aimable silphe, cet animal là est un vilain gnome.
Vale, je vous aime de tout mon cœur.
On débite cette infamie avec les noms de Mr Dargenson, Castelmoron et Daubeterre en notes.
Vous êtes engagé d'honneur à faire connaître à la reine ce misérable. Si je n'étois pas malade, j'irois me jetter à ses pieds. Je vous suplie instamment de luy faire ma cour. Comptez que je vous aimeray toute ma vie.
V.
Il a fait une petite satire dans la quelle il dit de moy: