ce jeudy [1750/1751]
Le roy n'étant pas venu à Berlin madame, il faut que vos pancartes viennent à Potsdam.
Les voyes sont bien préparées. Mr de Maupertuis s'est laissé arracher à souper une lettre charmante qu'il avoit de vous. Je luy ay fait la plus douce violence du monde. Nous ne sommes jaloux l'un de l'autre que pour vous servir. J'ay lu la lettre au roy; on vous a nommée la Sévigné de l'Allemagne. Vous avez été le sujet de la conversation bien longtemps. Vous vous y prenez à merveille madame. On réussit quand on sait plaire. Envoyez les paperasses, je les mettray dans les mains de gens prudents. Donnez moy une instruction bien nette sur ce que vous voulez faire, sur ce que vous voulez que je fasse et que je dise. Je craindrais que l'ardeur de vous servir me fît faire une fausse démarche. C'est une passion dans moy d'obéir à vos ordres; et dans les grandes passions on peut faire des fautes. Eclairez mon zèle, et guidez le serviteur le plus respectueusement attaché que vous ayez.
V.
Le roy devoit aller à Berlin aujourduy vendredy. Il n'ira que dimanche, ainsi dimanche je vous ferai ma cour.