1750-10-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Je m'intéresse si vivement madame à votre état, que je n'ay rien voulu hazarder sans avoir un second ordre de vous.
Je tremblois de faire une fausse démarche. Je viens de recevoir votre ordre et d'obéir. J'ay porté le paquet au roy. J'ay parlé avec le zèle que vous m'inspirez. Le roy me parait très disposé à vous faire tous les plaisirs qui dépendront de luy. Il va à la gloire par tous les chemins, et il me semble qu'il y a de la gloire à prendre votre party. Il conférera demain matin sur votre affaire avec mr Eikel. Nous emploions, tout ce soir, à disposer cet oracle à parler en votre faveur; enfin de la manière dont le roy m'a parlé, j'espère une très bonne issue. Vous recevrez probablement demain jeudy au soir une lettre du roy plus agréable que la mienne. Si tout réussit, je l'aimeray encor davantage, et vous ne serez pas la seule dont il aura fait le bonheur par cette belle action.

Mr Darget, secrétaire du cabinet de sa majesté, m'aide baucoup dans cette affaire qui est devenue la mienne. Disposez de moy madame absolument, et comptez sur un dévouement sans bornes.