A Posdam, ce 24 de may 1750
Mais comme le sieur Mettra pouroit reprouvér une lettre de change en vers, j'en fais exspediér une en bonne forme par son correspondant qui vaudra mieux que mon bavardage; vous êtes comme Horace, vous aimez à réunir l'utile à l'agréable; pour moy je crois qu'on ne sauroit asséz payér le plaisir et je compte d'avoir fait un très bon marché avec le sieur Metra. Je payerai le marc d'esprit à proporsion que le change hausse. Il en faut dans la sosiété, je l'aime et l'on n'en sauroit trouver davantage que dans la boutique de Metra; je vous avertis que je pars pour la Prusse, que je ne serai de retour ici que le 22 de juin, et que vous me ferai grand plaisir d'être ici vers ce tems, vous y serai resçu comme le Virgile de ce siècle, et le jentilhome ordinaire de Louis 15 sedera, s'il lui plaist, le pas au grand poète. Adieu, les courssiers rapides d'Achile puissent ils vous conduire, le chemeins montueux s'aplanir devant vous, puissent les auberges d'Allemagne se transformer en palais pour vous reservoir, les vents d'Eole puissent ils se renfermér dans les outres d'Ulisse, le pluvieux Orion disparaître, et nos nimfes potagères se changer en déesses, pour que votre voyage, et votre resseption soit digne de l'auteur de la Henriade.
Federic