A Paris, le 6 mai [1750]
Voici une seconde faffée des nouvelles de l'abbé Raynal.
Je souhaite qu'elles puissent adoucir la tristesse où vous êtes encore. Ma mélancolie cadrerait bien avec la vôtre.
O derunt hilarem tristes, tristemque jocosi.
Mais, mon cher monsieur, j'ai par dessus vous des souffrances de corps continuelles. Que ferait un malingre, un cadavre ambulant à la cour d'un jeune roi qui se porte bien, et qui a de l'imagination et de l'esprit du soir au matin? Cependant je vous avoue ma faiblesse. Je n'aurais point de plus grande consolation que celle de le voir et de l'entendre encore avant d'aller rendre visite aux Antonins, aux Chaulieux, aux Chapelles, ses devanciers. Je suis enchanté de tout le bien que vous me dites de mon cher d'Arnaud. Je voudrais bien qu'il lût, quand il n'aura rien à faire, le rogaton que je vous envoie. Buvez tous deux à ma santé; cela me fera peut-être du bien.