1747-10-19, de Marc Pierre de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson à Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont.

J'ai fini madame votre traduction.
Je ne vois pas pourquoi la poste ne vous la rendrait pas à Fontainebleau. Je vais à la campagne, j'oublierais de vous remettre vos cahiers; ils pourraient s'égarer ici. Si vous avez achevé mon livre voudrez vous bien me l'envoyer cacheté par le courrier de mon frère qui part chaque jour à 11 heures du matin ce me semble. M. de Caumartin préside au grand conseil en automne comme en été cette année. Il n'ira point à St Ange ainsi je ne fleurerai seulement pas la forêt de Fontainebleau.

Vous traduisez élégamment, proprement, fortement. J'ai conféré plusieurs endroits avec la traduction imprimée; en la comparant je n'y ai pas trouvé de comparaison. Il y un neuf dans les Anglais, souvent une justesse, une folie sérieuse, un cynique qui m'attachent; ce qui me fait toujours souhaiter que leurs livres soient plus longs. Ils pensent et nous ne sommes dans nos dissertations que des échos agréables.

Mon fils a eu l'honneur de vous devancer à Fontainebleau et a sans doute eu déjà l'avantage de vous voir. Votre paquet pour mlle de Thil est parti. Je me doute que vos paquets d'affaire sont des brochures. Adieu Madame.