Anet, dimanche 27 août 1747
…Je vous ai mandé jeudi que nos Du Châtelet partaient le lendemain, et que la pièce se jouait le soir: tout cela s'est fait.
Je ne puis vous rendre Boursoufflé que mincement. Mademoiselle de la Cochonnière a si parfaitement exécuté l'extravagance de son rôle, que j'y ai pris un vrai plaisir. Mais Vanture n'a mis que sa propre fatuité au personnage de Boursoufflé, qui demandait au delà; il a joué naturellement dans une pièce où tout doit être aussi forcé que le sujet. Pâris a joué en honnête homme le rôle de Maraudin, dont le nom exprime le caractère. Motel a bien fait le baron de la Cochonnière; Destillac un chevalier, Duplessis un valet. Tout cela n'a pas mal été, et l'on peut dire que cette farce a été bien rendue; l'auteur l'a anoblie d'un prologue qu'il a joué lui même et très bien avec notre Dutour, qui, sans cette action brillante, ne pouvait digérer d'être madame Barbe; elle n'a pu se soumettre à la simplicité d'habillement qu'exigeait son rôle, non plus que la principale actrice, qui, préférant les intérêts de sa figure à ceux de la pièce, a paru sur le théâtre avec tout l'éclat et l'élégante parure d'une dame de cour: elle a eu sur ce point maille à partir avec Voltaire; mais c'est la souveraine et lui l'esclave. Je suis très fâchée de leur départ, quoiqu'excédée de ses diverses volontés dont elle m'avait remis l'exécution….