1746-01-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à René Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson.
Je ne décide point entre Genève et Rome,

mais s'il vous plaît monseigneur, mon paquet, s'il arrive, me vient de Rome, et celuy qu'on m'a rendu vient de Geneve, et vous apartient. Voicy le fait. Quand on m'aporta le ballot de votre part je vis des livres en feuille, et je ne doutay pas que ce ne fussent coglionerie italiane que m'envoioit le cardinal Passionei. Je dépêchay le tout chez Chenut, relieur du roy et de moy indigne. Il s'est trouvé à fin de compte que le ballot contient le dictionnaire du commerce imprimé à Geneve. J'ay sur le champ ordonné expressément à Chenut de ne point passer outre; et j'attends vos ordres pour savoir par qui et comment et quand vous vouliez faire relier votre dictionaire, qu'on ne lit point assez, et dont la langue est rarement entendue à Versailles. Je vous souhaitte les bonnes fêtes. Je me flatte que tost ou tard vous ferez quelque chose des araignées, mais si elles continuent à se détruire, ne soyez point détruit. Je le penserai toute ma vie, La paix de Turinétoit le plus bau projet, le plus utile depuis cinq cents ans.

Mille tendres respects.

V.