à Paris ce samedy 24 xbre 1742
Monsieur,
J'estois passé icy ce matin pour avoir le plaisir de vous voir n'ayant pu encore avoir cette satisfaction depuis que je suis revenu de la campagne, quoique je m'y sois présenté plusieurs fois.
J'avois une recommandation à vous faire pour un nommé Didot, Libraire, que vous avés fait mettre en prison, avec un nommé Barois. Il le méritait sûrement puisque vous l'avéz fait. L'autheur de sa détention est Volthaire, vous le connoisséz mieux que moy, ainsi je ne vous en parleray point. Je n'ay point à justifier Didot devant vous, n'estant instruit que par les larmes d'une nombreuse famille à l'aquelle je m'intéresse infiniment, mais on attribue son malheur aux Calomnies de Voltaire, qui soupçonne que Didot a vendu le recueil de ses oeuvres sans permission. Je vous serois infiniment obligé en mon particulier si vous vouliéz avoir égard à ma recommandation, je ne demande que la justice, et je sçais qu'elle a tout accéz devant vous. S'il y a moyen de le faire sortir de prison promptement je vous en auray une obligation particulière. Oserais je vous prier d'assurer Me de Marville de mes respects?
J'ay l'honneur d'estre avec le plus sincère attachement votre très humble et très obéissant serviteur
Du Tillet de Pannes