1741-01-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Mon cher abbé, j'arrive à Bruxelles.
Je vous souhaite la bonne année. Je commence par vous prier de donner mille livres à monsieur le marquis du Chastelet.

Moyennant ces mille livres jointes à mille autres que j'ay prêtées à madame de Chambonin, monsieur du Chastelet vous donnera un contrat de cent livres de rentes foncières que vous ferez remplir ou de votre nom ou de celuy de la nièce que vous aimerez le mieux, de sorte que ce sera une petite rente dont vous la gratifierez et qui luy sera assurée après ma mort.

Ce petit article passé, je vous prie de semoncer un peu mes illustres débiteurs, tant Richelieux que Villars et autres. Comment faire avec mr d'Estain? Je vous reprie encor de voir Camuzat, de vous informer des terres de ce seigneur non payant. Mon confrère en infortune ne peut il rien vous dire?

J'ay reçu le livre imprimé par la veuve. Je vais le lire, et j'en rendray compte incessamment.

Vous avez donné cinqnte louis à made du Chastellet, vous allez donner mille livres à mr du Chastellet, cependant je vais encor tirer sur vous et vous épuiser.

Je vous remercie toujours du secret inviolable que vous gardez avec tout le monde sans exception sur mes petites affaires.

Je vous prie en attendant mieux de faire une petite gratification de 50lt à m. votre frère.