1740-09-30, de Graf Dietrich von Keyserlingk à Voltaire [François Marie Arouet].

Je viens de recevoir monsieur mon respectable ami, votre lettre du 19 de ce mois.
J'ai saisi le moment favorable de renouveler au roi vos instances, en faveur de la personne que vous protégez, et quoique s. m. me dit avoir réglé tout l'état de sa cour et de l'armée, elle veut pourtant à votre considération donner le brevet de colonel, avec une pension de 4000lt de France à l'ami en question. Quant à madame son épouse, le roi est fâché de ne pouvoir entrer dans vos vues, ne pouvant rien plus changer à la cour de la reine. Au surplus l'étiquette d'ici ne permet point qu'on y place des dames étrangères.

S. m. a passé cette nuit avec moins de fièvre qu'à l'ordinaire, et nous espérons à la fin de l'en voir en peu entièrement délivré. Puissiez vous mon respectable ami être de même guéri radicalement de vos coliques, et moi ne connaissant plus de goutte me réjouir du retour de votre santé. Je fais ces voeux pour notre rétablissement commun et je suis avec passion

monsieur mon très cher et respectable ami

tout à vous, et votre très humble et très obéissant serviteur

Keyserlingk