[c. 25 July 1740]
Sire,
Dans cette troisième lettre, je demande pardon à votre majesté des deux premières qui sont trop bavardes.
J'ay passé cette journée à consulter les avocats, et à faire traitter sous main avec Vanduren. J'ay été procureur et négociateur. Je commence à croire que je viendray à bout de luy, ainsi de deux choses l'une: ou l'ouvrage sera suprimé à jamais, ou il paroitra d'une manière entièrement digne de son auteur.
Que votre majesté soit sûre que je resteray icy, qu'elle sera entièrement satisfaite, ou que je mourray de douleur. Divin Marc Aurele pardonnez à ma tendresse. J'ay entendu dire icy secrètement que votre majesté viendroit à la Haye. J'ay de plus entendu dire aussi que ce voiage pouroit être utile à ses intérêts.
Vos intérêts sire je les chéris sans doute, mais il ne m'apartient ny d'en parler ny de les entendre.
Tout ce que je sçay, c'est que si votre humanité vient icy elle gagnera les cœurs, tout hollandais qu'ils sont: votre majesté a déjà icy de grands partisans.
J'ay dîné icy aujourduy avec un député de Frise nommé mr Halloy, qui a eu l'honneur de voir votre majesté à l'armée, qui compte luy faire sa cour à Cleve, et qui pense sur le Marc Aurele du nord comme moy. Oh que je vais demain embrasser ce mr Halloy!
Aujourduy mr de Fenelon (qui pourtant n'est pas homme de lettres comme le Fenelon de Cambray) me disoit,