A Bruxelles, le 11 decembre 1739
On peut dire, monsieur, du maître fou dont vous me parlez dans votre lettre du 5 ce que notre maître François dit de l'ingénieur du roi de Narsingue: il n'y a point de sottise dont il ne s'avise.
Vous m'apprenez sa sortie de Paris. Voici son entrée à Bruxelles.
Il y arriva samedi 5 entre chien et loup. Comme les portes se trouvèrent fermées, il fut obligé d'attendre jusqu'à ce qu'un carrosse qui conduisait des domestiques de mme la duchesse d'Arenberg douairière et qui avaient un ordre pour les portes vint s'y présenter, et il obtint permission de ces domestiques de prendre place avec eux dans le carrosse où il fut conduit jusqu'à la maison de cette princesse; et il lui fallut courir à pied comme il était, en robe de chambre et pantoufles, jusqu'à son logis qui est à peu près éloigné comme l'Opéra de Paris est de la Comédie Italienne. Cette entrée fort peu triomphante, comme vous voyez, mérite de figurer avec les singularités qui caractérisent la vie de ce don Quichotte d'Epicure et de Newton . . . .